L’homme modifie son environnement et son climat, sur le plan local avec les micro-climats urbains, et à plus grande échelle. Mais la Nature reste indomptable et demeure la plus forte, pouvant bouleverser le climat de la planète toute entière en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire.
Les volcans ont un pouvoir important sur la machine climatique mondiale. Les éruptions volcaniques explosives injectent d’importantes quantités de particules et de gaz, vapeur d’eau (H2O), dioxyde de carbone (CO2), dioxyde de soufre (SO2), avec du chlore (Cl-), du fluor (F-) et des cendres très haut dans l’atmosphère. Ces cendres y sont lessivées assez rapidement par les vents et les pluies, et persistent sur des échelles de temps de quelques minutes à quelques semaines dans la troposphère, couche de l’atmosphère proche de la surface terrestre.
De petites quantités peuvent perdurer quelques mois dans la stratosphère, couche atmosphérique entre 10 et 50 kilomètres, mais leur impact climatique est négligeable car limité localement.
L’effet climatique le plus important est lié à l’émission d’espèces soufrées, principalement sous forme de SO2 ou dioxyde de soufre, éjecté directement dans la stratosphère. En réagissant avec la vapeur d’eau, le SO2 est rapidement converti en acide sulfurique (H2SO4) qui, à son tour, se condense en fines particules d’aérosols.
Ces aérosols stratosphériques diffusent les rayons du soleil, effet miroir, et diminuent la quantité de rayonnement qui traverse l’atmosphère. Les aérosols sulfatés d’origine volcanique vont rester dans la stratosphère un à cinq ans, et accroître l’opacité atmosphérique.
Les dernières grosses éruptions, observées par l’homme au cours des derniers siècles, ont eu des répercussions parfois très importantes sur les conditions climatiques… et sur notre propre histoire. Petit tour d’horizon des événements les plus marquants :
- en juin 1991, le Pinatubo explose aux Philippines, libérant quelques 20 millions de tonnes de dioxyde de soufre et cendres volcaniques, occasionnant une baisse de 1 à 5% du rayonnement solaire à la surface de notre planète. Ainsi qu’un refroidissement de 0,2 à 0,5 degré à l’échelon global durant trois ans. Des répercussions ressenties partout jusqu’en France, 1991 et 1993 figurant parmi les années les plus froides de ces trente dernières années. Deux mois après le Pitatubo, l’Hudson a aussi explosé, au Chili. Ajoutant « un peu » de soufre dans la haute atmosphère.
- Le 29 mars 1982, « El Chichon » explose au Mexique, envoyant à peu près autant de SO2 que le Pitanuto 9 ans plus tard. Puis le 3 novembre 1985, le Nevado du Ruiz explose à son tour en Colombie. Coïncidence ou pas, l’Europe et la France connaissent trois hivers très froids consécutifs de 1985 à 1987. Le refroidissement est très sensible en 1983 et 1984 en Arctique, années anormalement froides.
- Peu de temps avant, le 18 mai 1980, le Mont Saint-Helens se réveille et explose aux Etats-Unis, représentant 500 fois l’énergie de la bombe d’Hiroshima. L’année suivante sera « pourrie » avec un été froid et pluvieux dans l’hémisphère Nord, notamment en Europe et en France.
- En mars 1963, l’Agung a éjecté 10 à 20 millions de tonnes de cendres et de dioxyde de soufre dans la haute atmosphère, occasionnant environ 0,3 degré de baisse sur Terre durant 3 ans. La stratosphère, au contraire, se serait réchauffée de 4 à 8 degrés.
- En juin 1912, le Katmai explose en Alaska, se faisant entendre jusqu’à 1.600 km à la ronde. La température mondiale aurait alors perdu 0,2 degré durant 2 à 3 ans.
A noter que le XXème siècle est considéré comme peu actif en terme d’activité volcanique, calme relatif contribuant partiellement au réchauffement climatique.
- Fin août 1883, le Krakatoa entre dans une violente éruption durant plusieurs jours avant d’exploser de façon « apocalyptique » le 27, l’équivalant de 13.000 bombes d’Hiroshima, diffusant le son le plus fort entendu par l’homme jusqu’à près de 5.000 km de son point d’origine ! Des ondes de chocs font plusieurs fois le tour de la Terre durant cinq jours. Des tsunamis dévastent les environs. Les pertes humaines sont considérables. Des anomalies de marées sont observés jusque dans la Manche. Les particules et le SO2 font chuter la température mondiale de 1 à 1,5 degrés. Les vagues de froid se succèdent alors durant plusieurs années à travers le monde, y compris en Europe et en France. Le climat mettra quasiment 10 ans pour retourner dans les normes.
- Le 10 avril 1815, après cinq jours de forte activité, le Tambora explose extrêmement violemment, entendu jusqu’à 1.400 km. Des raz de marée dévastent les alentours et on dénombre plus de 100.000 morts. Le climat est particulièrement perturbé. L’année 1816 est appelée « l’année sans été » avec des chutes de neige en juin et août en Amérique du Nord, brièvement remplacée par une pluie froide en juillet. L’été est catastrophique aussi en Europe et en Asie, froid et très pluvieux. Les récoltes sont proches de la nullité. La famine aurait alors fait 200.000 victimes sur Terre. Dans les mêmes années, la Soufrière de la Guadeloupe en 1812, puis l’Abu d’Indonésie et le Vésuve en 1813 ont également pu contribuer à ces bouleversements et refroidissements successifs.
- En 1783, le Laki s’ouvre sur 27 km de longueur en Islande, éruption exceptionnelle qui perturba le climat de l’hémisphère Nord et plus particulièrement durant une dizaine d’années, avec des vagues de froid fréquentes en toutes saisons, et des périodes alternant grandes sécheresses et pluies excessives. La famine et la révolution française seraient liées aux désordres climatiques dus au Laki.
- En 1257, une « éruption cataclysmique » aurait précipité l’ensemble de la planète vers le Petit Âge Glaciaire, période de plusieurs siècles régulièrement froide de 1300 à 1850, liée à une activité volcanique exacerbée, entrecoupée de courtes accalmies de quelques décennies seulement, et donc de brefs réchauffements, notamment le milieu du XVIIIème siècle brièvement chaud durant 30-40 ans.
- Il y a 73.000 ans environ, le Toba a explosé de façon extrême en Indonésie, provoquant une baisse de température de 3 à 4 degrés environ sur Terre, et d’environ 15 degrés dans la zone tempérée, refroidissement occasionnant un âge glaciaire d’environ 1.000 ans ! La population mondiale d’Homo sapiens chuta et se retrancha en Afrique équatoriale, avant de regagner peu à peu le reste du monde au retour de conditions climatiques plus favorables à l’occasion d’un réchauffement du climat.
Outre la baisse des températures et des désordres dans le régime des pluies, les changements climatiques dus aux plus fortes éruptions volcaniques s’accompagnent de couchers de Soleil très rougeoyants à cause des particules présentes dans la haute atmosphère.
L’activité volcanique peut à tout moment provoquer des nouveaux bouleversements climatiques et contrarier le réchauffement climatique actuel. Les récentes éruptions, Agung, Etna et Krakatoa, sont restés « faibles », sans impact véritablement notable sur le climat. Mais des éruptions semblables à celles de ces derniers siècles sont susceptibles de se produire dans un avenir plus ou moins proche. Quant à l’éruption d’un super volcan, le risque n’est pas nul non plus. Si, par exemple, le super volcan Yellowstone venait à exploser, il entraînerait une chute globale de la température de 10 à 20 degrés selon les différents modèles et théories, anéantissant une très grande partie de la vie terrestre, y compris l’être humain. La chute des températures pendant une grosse dizaine d’années pourrait ensuite entrainer une nouvelle ère glaciaire.