Avoir un cœur d’artichaut : définition et origine de l’expression

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Rarement utilisée pour désigner un chaud lapin, cette expression tend plutôt à narguer celui qui succomberait trop facilement aux traits de Cupidon. La langue française regorge d’expressions bien à elle pour chiner ceux-là qui semblent ne vouloir se nourrir que d’amour et d’eau fraîche, les « fleur-bleue », les adeptes des papillons dans le ventre et des histoires à l’eau de rose… Si vous voulez comprendre pourquoi l’on vous traite sans cesse de « cœur d’artichaut » lorsque votre poitrine bat la chamade dès qu’un bellâtre vous fait de l’œil, cet article est fait pour vous ! Bonne lecture! 


Définition de l’expression « cœur d’artichaut » 

On dit de quelqu’un qu’il a un « cœur d’artichaut » lorsque ce dernier est susceptible de tomber facilement amoureux. Cette locution verbale, utilisée au sens figuré, revêt souvent un sens quelque peu péjoratif. En effet, le « cœur d’artichaut » est un grand sensible, aisément charmé par un rien, qui se laisse blesser et s’illusionne rapidement sur les sentiments de l’autre. Test : êtes-vous un cœur d’artichaut ? Vous êtes à la recherche de l’amour avec un grand A ? Vous tombez amoureux dès que vous rencontrez un homme ou une femme ? Vous les considérez dès le départ comme l’homme ou la femme de votre vie ? Et vous êtes souvent déçu ? Félicitations ! Vous en êtes !


Origine de l’expression « cœur d’artichaut ». 

A l’origine de cette locution, un proverbe datant du XIXe siècle, simplifié en une expression par la suite : « cœur d’artichaut, une feuille pour tout le monde. » Ainsi, l’analogie avec l’artichaut vient en premier lieu du fait que le légume a pour spécificité de se manger en détachant une à une les feuilles qui entourent le cœur. La comparaison n’est pas bien difficile à faire : celui qui a un cœur d’artichaut distribuera son amour aussi facilement et aussi généreusement que les feuilles d’un artichaut se détachent les unes après les autres.

A cela s’ajoute, par extension, une comparaison d’ordre plus poétique. Qu’on aime ou qu’on n’aime pas, le cœur d’artichaut est bien connu pour sa tendresse. C’est la partie, au centre du végétal, la plus « généreuse », tout comme chez l’être humain le cœur est le siège des émotions. L’analogie est ici aussi assez évidente : est cœur d’artichaut celui qui mettra ses émotions et ses palpitations sentimentales au cœur de sa vie. Pour aller plus loin : L’ennemi juré du cœur d’artichaut ? Par opposition aux épanchements amoureux et à la sentimentalité de ce dernier, on utilise l’expression « cœur de pierre » ou « cœur de marbre » pour désigner celui qui ne se laisse jamais atteindre, qui n’éprouve aucune empathie et aucune émotion. La comparaison est encore une fois claire : la pierre et le marbre sont deux matières dures, froides et particulièrement résistantes. C’est une image bien plus ancienne que le « cœur d’artichaut », dans la mesure où on en trouve de nombreux exemples dans les textes bibliques. En témoigne ce passage tiré du Livre du prophète Ezéchiel, qui illustre parfaitement l’opposition entre les deux caractères dont nous parlons ici :
"Je leur donnerai un cœur loyal, je mettrai en eux un esprit nouveau : j’enlèverai de leur chair le cœur de pierre, et je leur donnerai un cœur de chair."


Exemples d’usage de l’expression « cœur d’artichaut » 

"Elle avait un cœur très classique, un cœur très féminin, de fonctionnement usuel, toujours prêt à aimer n’importe qui (enfin presque n’importe qui ce genre d’homme, précisément, le genre qui plaît à la plupart). C’était un problème dans la vie, un cœur d’assise aussi instable, aussi fragile (comme on dit un cœur d’artichaut, un cœur en cristal). Un homme d’ailleurs, un jour, lui avait dit Vous êtes. tu es. trop sensible. (Est-ce qu’il la tutoyait ?)." 
                                                                 (Dominique Barbéris, L’Heure exquise, Gallimard)

"Il avait trouvé une belle expression pour décrire les cœurs d’artichaut comme le mien. Le 31 mai 1892, il note « Un cœur de vingt-cinq couverts ». Il oublie de préciser s’il y aura beaucoup de vaisselle cassée au moment de débarrasser la table." 
                                                             Frédéric Beigbeder, L’Égoïste romantique, Gallimard


                                                                    Source: www.lalanguefrancaise.com


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